Fin du remboursement des médicaments anti-Alzheimer
La HAS recommande le déremboursement des médicaments anti-Alzheimer
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, devrait annoncer d’ici la semaine prochaine l’arrêt du remboursement par la Sécurité sociale des médicaments anti-Alzheimer.
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L’information a été révélée par Libération vendredi 25 mai dernier puis a été confirmée au Monde : un arrêté signé par la ministre de la Santé actera dans les prochains jours le déremboursement des médicaments anti-Alzheimer.
Au micro de RTL, Mme Buzyn expliquait lundi : « Je devrais dans les jours qui viennent, annoncer effectivement le fait que nous suivons les recommandation de la Haute Autorité de Santé. La date n’est pas fixée mais nous allons vers un déremboursement. »
Aujourd’hui en France, plus de 850 000 personnes, majoritairement de plus de 75 ans, sont atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une démence apparentée. Près de 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France, soit près d’un toutes les trois minutes.
Une décision en accord avec la HAS
La Commission de la transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) a réévalué les quatre médicaments utilisés dans le traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer, à savoir :
- Ebixa (Lundbeck – Rivastigmine)
- Aricept (Eisai – Donépezil)
- Exelon (Novartis – Pharma)
- Reminyl (Janssen - Cila Galantamine)
Ces derniers sont des inhibiteurs réversibles de l’enzyme régulant l’acétylcholine : facteur impliquant la démence.
Tous ces médicaments anti-Alzheimer sont remboursés à hauteur de 15% par l’Assurance maladie et représentaient un coût de 90 millions d’euros en 2015. Si on ajoute à cela les coûts médicaux et paramédicaux de la prise en charge des patients, le montant atteint 5,3 milliards d’euros à l’année.
Cependant, la ministre a déclaré mardi sur Cnews que : « Cette mesure de déremboursement n’est pas liée au prix de ces médicaments, ce n’est pas du tout une mesure budgétaire. »
Rappelons que, fin avril, le laboratoire Janssen-Cilaf avait annoncé arrêter la commercialisation du Reminyl à partir du 30 novembre 2018. « Cette décision n’est pas liée au déremboursement du traitement », a néanmoins assuré le laboratoire vendredi.
Peu d’efficacité et risques d’effets secondaires élevés
La Commission a estimé que l’efficacité de ces médicaments et de leurs génériques était insuffisante. En effet, à ce jour aucune donnée n’est disponible à moyen ou long terme concernant les effets sur la qualité de vie, les troubles du comportement et la mortalité.
En outre, les seules informations recueillies ne sont pas encourageantes : les risques d’effets indésirables parfois grave se sont confirmés (syncopes, réactions cutanées…) et peuvent souvent altérer davantage la qualité de vie des malades (troubles digestifs, cardiovasculaires…).
D’autant plus que les patients utilisant ce type de médicaments sont souvent polypathologiques et donc polymédiqués, ce qui accroit encore les risques.
Une procédure réfléchie depuis 2015
Agnès Buzyn a détaillé : « Ces médicaments ont été jugés comme néfastes, nocifs et dangereux par la HAS à deux reprise ». Selon elle ils « avaient eu un sursis depuis leur évaluation en 2011 pour prouver qu’ils étaient efficaces ».
En 2015, ces traitements avaient été évalués et présentaient selon les spécialistes « un intérêt médical insuffisant pour justifier leur prise en charge ».
A cette époque, Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, avait toutefois refusé d’engager le déremboursement tant qu’aucun « protocole de soins élaboré par des scientifiques » ne serait mis en place. Elle avait déclaré : « Tant qu’il ne sera pas élaboré et mis en œuvre, la question du déremboursement ne peut pas et ne doit pas se poser. »
Un guide élaboré par le HAS
Pour faire face aux questionnements et autres critiques, le protocole en question a été publié sur le site de la HAS le vendredi 25 mai dernier avec plusieurs fiches pratiques visant à « mettre en place un parcours de soins et d’accompagnement adapté » pour les patients.
Ce denier a plusieurs objectifs :
- Pouvoir proposer un diagnostic plus tôt
- Assurer une bonne coordination évolutive entre tous les professionnels (ergothérapeutes, médecins traitants, gériatres...)
- Soutenir les aidants
En effet, malgré tout ce qui a été mis en place, le diagnostic des maladies neurodégénératives est encore trop tardif et le parcours de soin est embûché par la méconnaissance des professionnels vis à vis des dispositifs existants.
Le guide rappelle d'ailleurs le rôle crucial des médecins généralistes qui sont les premiers à pouvoir alerter sur la maladie. Ce sont eux qui vont faire intégrer le patient au parcours de soin afin de limiter sa perte d'autonomie.
Une décision rapide sans réelle solution
Les experts notent que face à une maladie si terrible, il est humainement difficile de ne rien proposer aux patients et à leur entourage comme alternative.
France Alzheimer a d’ailleurs indiqué qu’elle « aurait aimé que cette mauvaise décision soit accompagnée d’annonces de moyens financiers conséquents pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer ou apparentées : pour le développement de structures et dispositifs de prise en soin qui font toujours cruellement défaut […]».
On peut également lire sur leur site : « En devenant le seul pays européen à ne pas rembourser les médicaments, la France compromet sa compétitivité nationale en matière de recherche ».
Une décision vivement critiquée par l’association France Alzheimer
Créée en 1985 à l’initiative de familles de personnes malades et de professionnels du secteur sanitaire et social, France Alzheimer est la seule association nationale de familles reconnue d’utilité publique dans le domaine de la maladie d’Alzheimer ou apparentées.
Dans un communiqué publié après l’annonce du déremboursement, elle prend acte de cette décision. Pour autant, elle l’estime infondée et dangereuse: « Il semblerait que dans la balance économique, la qualité de vie des personnes malades et de leurs proches ne pèse pas très lourd ».
« Si derrière le terme efficace, on entend guérir la maladie, bien entendu, ils ne le sont pas et ne l’ont jamais été. Par contre, si l’on parle d’un effet sur les symptômes des personnes malades, alors oui, ces médicaments sont efficaces», juge France Alzheimer.
Toujours selon leurs déclarations, au-delà de la question de l’efficacité, la prescription des médicaments permettait de sauvegarder un lien thérapeutique avec le médecin.
D’autant plus que selon certains médecins, plusieurs institutions gériatriques ont pris l’habitude de considérer la prescription de l’un de ces médicaments comme la condition nécessaire à une demande de prise en charge à 100% des patients.
La fin de ces prescriptions provoquerait alors inévitablement un affaiblissement du suivi médical régulier des malades et de leurs aidants.
Le directeur général, Benoît Durand annonce: « Cela va créer une iniquité entre les familles qui auront les moyens de payer ces médicaments et les autres. Bien utilisés, ces médicaments avaient une certaine utilité selon les retours des patients et de leurs familles. »
En effet, on estime que le reste à charge des familles se trouve déjà extrêmement élevé avec un montant d’environ 1 200€ par mois en moyenne. Rare sont les familles qui pourront assumer en plus, les 30€ mensuels équivalents au coût du traitement.
Quelles solutions ?
Dans ce contexte plusieurs alternatives thérapeutiques sont remises au goût du jour.
Certaines plantes sont citées :
- Le Ginkgo biloba (Tanakan)
- Le Rauwolfia Iskedyl
- Les dérivées de l’ergot de seigle (Hydergine)
Bien que leurs effets n’aient jamais été démontrés, certain nombre d’extraits, dérivés et composés, sont vendus et même parfois remboursés.
Les vitamines, antioxydants et autres habitudes d’hygiène de vie peuvent également permettre un soulagement du patient. On vous donne 10 conseils: exercice physique, correction de troubles visuels ou auditifs… en cliquant juste ici.
Enfin, des thérapies douces telles que la méthode Montessori, le Snoezelen, la « doll therapy » ou encore l’utilisation de "Paro le phoque" sont tout autant de dispositifs mis en place pour aider les malades Alzheimer sans utiliser de traitement.
Le risque aujourd’hui serait que les patients soient orientés vers d’autres traitements dangereux et non adaptés à leurs problèmes de santé.
C’est pourquoi, les familles et malades attendent des conseils et solutions officielles établies par les scientifiques afin de pouvoir traiter la maladie par le biais de médicaments réellement efficaces.
Zoom sur la maladie d’Alzheimer
Grâce aux progrès techniques et scientifiques, l’espérance de vie dans le monde a considérablement augmenté.
Cependant, avec une telle longévité, les personnes âgées sont plus susceptibles de développer une maladie chronique ou de la démence diminuant leur qualité de vie.
L’Alzheimer est une maladie neurodégénérative qui se caractérise par la diminution de la performance du cerveau et à des troubles de la mémoire.
A ce jour, il n’existe aucun traitement permettant de guérir de l’Alzheimer. Pourtant, des budgets considérables sont investis dans la recherche afin de trouver des moyens pour diagnostiquer la maladie le plus tôt possible, soit près de 15 ans avant le diagnostic clinique.
Rappelons que pour permettre une avancée des progrès, Bill Gates a récemment investi 50 millions de dollars dans la recherche pour la maladie d’Alzheimer.
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